Connue pour sa dureté et sa blancheur immaculée parfois tintée d’orangé, la pierre de Cassis est représentative du faciès urgonien (d’Orgon dans les Bouches du Rhône). Il s’agit d’un calcaire impur à 2 %, donnant un marbre dur à forte densité (2700 à 2800 kg au m3).
Constitués dans une mer chaude et peu profonde les sédiments qui constitueront les calcaires urgoniens sont parsemés de fossiles et notamment de coquilles de rudistes caractéristiques de la pierre de Cassis et de ces motifs marbrés.
Appréciée pour sa résistance à la pression et exploitée du fait de sa proximité avec la mer et des facilités de transport, la pierre de Cassis est un matériau utilisé depuis l’Antiquité. Ce n’est toutefois qu’en 1720 que son extraction revêt un caractère industriel, avec la création de la première carrière de la pointe Cacau. On la retrouve alors dans la construction des quais de Marseille, de la Basilique Notre Dame de la Garde, du phare de Planier…mais aussi dans les quais des ports d’Alexandrie ou d’Alger.
Elle est aussi un matériau de choix pour la sculpture ou la fabrication de piles, mortiers et autres objets du quotidien.
Le littoral de la commune de Cassis a été complètement transformé par ces carrières, s’étendant du Bestouan à la Cacau, et qui constituent aujourd’hui les fameuses « Roches plates » où les carriers utilisaient le pendage naturel des bancs de pierre pour charger les navires.
On recense à Cassis en 1855 une trentaine de carrières employant 130 ouvriers.
Les couches, appelées délits, étaient exploitées en fonction de leur résistance pour différents usages. De haut en bas elles portaient différents noms :
- Banc fier
- Gros blanc,
- Banc des esquillades
- Banc des virants
- Banc de fer
- Banc blanc
- Feuille d’os
- Banc d’os
- Banc bâtard
- Banc coquillier
L’utilisation de la pierre de Cassis à travers les époques
Très utilisée dans un premier temps en tant que pierre de taille pour le gros œuvre des immeubles de la région (fondations, contreforts, pierres d’angle…), la pierre de Cassis a aussi servi de matière première lors de la construction de digues, phares, quais, trottoirs, pavements, tunnels… Plus proche de nous, elle a représenté un matériau de choix pour la fabrication d’éviers (la fameuse pile marseillaise), de lavoirs mais aussi de mortiers (pour monter l’aïoli), de monuments funéraires, de sculptures et d’autres éléments de parements ou de décorations. Les plus anciennes traces de l’utilisation de la pierre de Cassis remontent à l’antiquité :
- Un sarcophage datant du V° siècle installé dans la crypte de l’abbaye Saint Victor à Marseille, il est orné de motifs en bas-relief représentant des cerfs et des brebis.
- Une pierre monolithique d’un autel votif antique, recouverte d’inscriptions gravées et enchâssée en ornement dans l’ancien presbytère de la place Baragnon. Elle porte l’inscription TUTELAE CHARSI TANNAE SDSD. Sur la face opposée figure une gravure en bas-relief d’un autel cippe paléochrétien, représentant deux croix et un chrisme dans une couronne daté entre le V° et le VIII° siècle.
- Une stèle funéraire ou cippe sépulcrale visible au musée de Marseille.